AVEC L’AUGMENTATION DE LA PAUVRETÉ, DANS QUELLE MESURE LE PCBMI ATTEINT-IL LES PAUVRES?

5 juin 2023


La pauvreté augmente en 2021

Au début du mois de mai, Statistique Canada a publié l’ Enquête canadienne sur le revenu de 2021.  Cela comprend les statistiques sur la pauvreté pour 2021 basée sur le seuil de pauvreté qui utilise la mesure du panier de consommation ou MPC.  (Il s’agit de la méthodologie utilisée par Statistique Canada pour établir le seuil de pauvreté officiel du Canada.)

En janvier, nous avons souligné la baisse du taux de pauvreté à 6,4 % en 2020.  Cela n’était pas surprenant, car un soutien du revenu massif du gouvernement a été introduit cette année-là pour compenser les pertes salariales découlant du confinement lié à la COVID.  Nous nous attendions à ce que le taux de pauvreté pour 2021 soit à peu près le même ou légèrement plus élevé.

Dans l’Enquête canadienne sur le revenu de 2021, Statistique Canada estime que le taux de pauvreté a atteint 7,4 % en 2021.  « L’augmentation du taux de pauvreté est en partie attribuable à une réduction du nombre de personnes qui ont reçu des transferts gouvernementaux, ainsi qu’à une diminution des montants reçus. »

Statistique Canada estime que 2,3 millions de résidents canadiens âgés de 18 ans ou plus vivaient sous le seuil officiel de la pauvreté selon la MPC en 2021.  (Voir le tableau 3 de l’Enquête canadienne sur le revenu de 2021.)

Nous prévoyons toujours que le taux de pauvreté augmentera considérablement en 2022, car les prestations gouvernementales liées à la pandémie ont pris fin et l’inflation a commencé à augmenter considérablement cette année-là.  Les données sur la pauvreté pour 2022 ne seront disponibles qu’au début de 2024.

Le PCBMI est-il conçu pour servir uniquement les pauvres ?

Le seuil officiel de pauvreté a augmenté lentement mais régulièrement au cours des cinq dernières années.  Avec 53 seuils de pauvreté différents au Canada[i], les chiffres pour 2021 vont d’un minimum de 39 982 $ à un maximum de 51 884 $ pour une famille de référence de quatre (deux adultes et deux enfants), selon l’endroit où ils vivent au Canada. 

Cela se traduit par des seuils de revenu de pauvreté pour une personne et un couple d’aussi peu que 19 991 $ et 27 987 $ respectivement s’ils vivent dans l’endroit le moins coûteux du pays.  Si, cependant, ils vivent dans l’endroit le plus coûteux au Canada, cela se traduit par des seuils de revenu de pauvreté pour une personne et un couple de 25 942 $ et 36 318 $ respectivement.

Depuis quelques années, les plafonds de revenu suggérés par l’ARC pour un particulier et un couple qui reçoivent le service gratuit du PCBMI sont respectivement de 35 000 $ et de 45 000 $.  La plupart des organismes d’accueil semblent suivre les plafonds de revenu suggérés par l’ARC.

Il est évident que les plafonds de revenu proposés par l’ARC sont bien au-dessus des seuils de pauvreté pour une personne et un couple, qu’ils vivent dans des endroits où les coûts sont faibles ou élevés au Canada.[ii]  Si un organisme d’accueil utilise les plafonds de revenu proposés par l’ARC, cela signifie que les ménages à faible revenu qui ne vivent pas sous le seuil officiel de la pauvreté sont néanmoins admissibles aux services gratuits du PCBMI.  C’est intentionnel, car l’ARC affirme que le service du PCBMI devrait être ouvert aux ménages à revenu faible ou modeste et non seulement à ceux qui vivent sous le seuil officiel de la pauvreté.

Dans quelle mesure le PCBMI aide-t-il les pauvres ?

Pour répondre à cette question, nous commencerons par supposer que tous les clients du PCBMI ont des revenus inférieurs au seuil officiel de pauvreté.  Autrement dit, nous supposerons que toutes les personnes qui reçoivent des services gratuits du PCBMI vivent dans la pauvreté, même si nous savons que le PCBMI sert certains clients à faible revenu, mais qui ne sont pas, à proprement parler, pauvres.

Voici une comparaison entre le nombre de clients servis au cours d’une année donnée et le nombre global de pauvres, selon les estimations de Statistique Canada, pour la même année.[iii]

Cela montre que le PCBMI sert au plus le quart des pauvres au Canada.  Nous disons « tout au plus » parce que nous supposons que le PCBMI ne sert que ceux qui ont des revenus inférieurs au seuil officiel de la pauvreté.  Et comme nous l’avons souligné ci-dessus, ce n’est pas vrai.  Ainsi, le pourcentage réel de pauvres du Canada desservis par le PCBMI est inférieur au quart de ceux qui vivent dans la pauvreté (bien que de combien, seule l’ARC le sait).

Que faut-il faire pour servir davantage de pauvres ?

Nous présumons que l’ARC veut servir un plus grand nombre de pauvres.  Après tout, il est nécessaire de produire une déclaration si l’on veut que les pauvres obtiennent bon nombre des prestations qui leur sont offertes en raison de leur revenu.  Pour que l’ARC atteigne un plus grand pourcentage de pauvres au Canada avec le PCBMI, elle doit faire deux choses.

1. Augmenter l’échelle du service du PCBMI

Un service du PCBMI beaucoup plus important lui permettrait de servir un plus grand nombre de clients à faible revenu, y compris ceux qui ne sont pas pauvres.  Une stratégie proactive de recrutement et de rétention des bénévoles pour contrer la diminution du nombre de bénévoles serait au cœur de cet effort.  Un programme de subventions plus généreux (avec un financement mieux ciblé) serait également important pour retenir et recruter davantage d’organismes d’accueil. 

Cependant, même si l’ARC a réussi ici, il n’y a aucune garantie que les nouveaux clients seront principalement issus des pauvres.  C’est pourquoi la deuxième mesure est également nécessaire.

2. Une plus grande sélectivité dans le choix des clients

Nous avons déjà plaidé en ce faveur.  Comme les organismes d’accueil ont tendance à suivre les suggestions de l’ARC concernant le plafond de revenu, une façon simple de le faire serait que l’ARC suggère de réduire les plafonds de revenu à 30 000 $ pour les particuliers et à 40 000 $ pour les couples (avec des augmentations de 5 000 $ plutôt que de 2 500 $ comme le suggère l’ARC pour toutes les autres personnes à charge du ménage).

Ces deux éléments doivent faire partie de la stratégie de l’ARC si elle veut service un plus grand nombre de pauvres du Canada par l’entremise du PCBMI.  Cependant, tout porte à croire que l ‘ARC va dans l’autre sens, réduisant ses ambitions pour le PCBMI.


[i] Voir cet article pour une explication simple de la façon dont le seuil officiel de pauvreté du Canada est établi.

[ii] Alors que les plafonds de revenu du PCBMI utilisent le revenu total et que le seuil officiel de pauvreté utilise le revenu disponible, nous expliquons ici pourquoi les deux peuvent être comparés dans ce contexte.

[iii] Il pourrait être plus exact de comparer les chiffres globaux de la pauvreté pour une année donnée avec le nombre de clients du PCBMI desservis au cours de la prochaine période des impôts, car la période des impôts correspond à la production des déclarations de l’année précédente.  Mais nous avons choisi de garder les choses simples car nous ne pensons pas que cela change la conclusion globale.

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